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L’isolement, une réalité mais pas une fatalité

Par 5 avril 2022No Comments

C’est Edith, 76 ans, qui s’exprime:

“ Ce n’est pas vivre ce que je vis actuellement. Ce n’est pas marrant, je ne vois personne. J’ai l’impression d’être sur une île déserte”. Ce témoignage, terrible, a été recueilli par l’association de Petits Frères des Pauvres. Spécialiste de l’accompagnement des personnes isolées, elle le rappelle : en 2020, deux millions de personnes âgées n’ont pas eu de contact avec leur entourage le plus proche. Elle alerte sur l’isolement social des aînés qui s’aggrave, avec le vieillissement de la population française.

 

Pourtant, cette solitude n’est pas une fatalité. Des associations comme Aides et soins 92 Centre en ont bien conscience : “ 50 à 60% des personnes âgées que nous suivons n’ont pas de famille autour d’eux. Nos auxiliaires de vie sont bien souvent les seuls contacts qu’elles ont dans une journée. C’est pourquoi nous attachons autant d’importance à la relation. Pour ces personnes isolées, l’accompagnement se fait avec une attention toute particulière“ explique Isabelle Breheret, directrice de la structure. Il faut en effet être dans une plus grande vigilance, notamment du fait de la fragilité, des risques de chute ou de dénutrition (renvoyer à l’autre article) de certains de ces aînés. “La solitude, poursuit isabelle Breheret, ce n’est pas seulement une personne seule, c’est une personne qui perd ses repères et qui risque de perdre son autonomie rapidement  : perte d’appétit, d’envie de prendre soin de soi, de tomber”. D’où l’attention particulière portée à ce sujet par Aides et Soins 92 Centre.

 

Chanter ensemble tout simplement

La présence quotidienne des auxiliaires de vie est un atout indéniable. Madeleine*, 87 ans, en témoigne : “La solitude, c’est l’angoisse. Je trouve donc important le passage de l’aide ménagère, je l’attends. On peut parler de tout et de rien, de la vie. Et puis, comme je ne peux plus sortir seule suite à mon AVC, parfois je vais faire un tour dehors avec elle. Le ménage peut attendre, c’est propre chez moi”.

 

Isabelle Breheret complète: “Nous travaillons avec les auxiliaires de vie sur le projet de la personne. Ce sont souvent de toutes petites choses: mettre le fauteuil près de la fenêtre pour qu’elles profitent de la vie dehors, chanter ensemble, accompagner chez le coiffeur plutôt que passer l’aspirateur. Ce qui compte, c’est le bien être de la personne qui l’exprimera par son sourire”.

 

La deuxième maison

Au plan local, la ville de Saint-Cloud est également un acteur qui lutte contre cet isolement. Mireille Guezenec, élue déléguée aux Seniors, commente : “LEspace danimation des Coteaux, géré par la ville, est un lieu de rencontres et de convivialité essentiel dans la commune. Nous l’appelons notre deuxième maison. Deux générations de seniors, ceux de 60 ans et plus et ceux de plus 80 ans, s’y côtoient pour des activités précises ou juste pour passer un bon moment. De très nombreux ateliers attirent les participants, notamment l’atelier informatique qui permet de casser l’appréhension du monde numérique et de se familiariser avec un portable ou une tablette. Les après-midis jeux de société ont beaucoup de succès. Mais on peut aussi venir à l’Espace, sans participer, juste pour être là, entouré”.

 

L’importance des voisins et des voisines

L’Espace, situé dans l’ancienne gare des Coteaux, est un vrai lieu de vie mais il peut être intimidant de s’y rendre seul ou seule la première fois. Mireille Guezenec insiste sur le rôle du voisinage: “Il est beaucoup plus facile d’aller à l’Espace entraîné par un voisin ou une connaissance. C’est bien aussi que les enfants puissent accompagner leur parent âgé, lors de l’inscription par exemple.”

 

Tout le monde, pourtant, ne fera pas la démarche par difficultés à se déplacer ou à quitter son logis. C’est pourquoi le rôle du voisinage reste prépondérant aux yeux de Mireille Guézenec. “J’habite dans le quartier Hippodrome-Fouilleuses, au sein d’un grand immeuble. Depuis le Covid, les choses ont bien évolué. Les gens se demandent des nouvelles les uns des autres, vérifient que telle voisine va bien. De bonnes habitudes ont été prises et gardées” se réjouit-elle.

 

Plus que jamais avec les confinements, le téléphone s’est révélé un lien essentiel, tout comme les petites visites. Chacun s’accorde sur ce point. Madeleine confirme : “Je fais beaucoup de mots fléchés, je regarde les jeux à la télévision. Mais j’aime plus encore quand une voisine de la résidence vient frapper à ma porte pour me proposer une partie de belote ou de triominos”.

 

Nathalie Leenhardt, journaliste

 

A lire aussi : des idées pour garder le lien.

°Le prénom a été changé.

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