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Isabelle Breheret, directrice d’Aides & Soins 92 Centre, l’explique d’emblée : “la question de la dénutrition chez les personnes âgées est depuis quelques années beaucoup mieux connue. Dès 2018, nous avons réfléchi à des premières solutions, partant d’un constat aujourd’hui vérifié : la présence d’un aidant familial et/ou professionnel est un rempart contre la dénutrition. Il n’y a pas de fatalité sur le sujet”.

La vigilance s’impose

Mais de quoi parle-t-on au juste ? Que recouvre ce terme, de plus en plus utilisé de nos jours ? Peut-être vous posez-vous la question… En effet, depuis quelque temps, quelques semaines, votre appétit diminue. Vous mangez peu ou moins, sans grand plaisir. Il est important d’en parler à votre entourage, votre aidant, votre médecin car ces signes peuvent indiquer un début de dénutrition. Celle-ci touche une personne âgée autonome sur 10, ce taux monte à 5 personnes sur dix dans une situation de dépendance. “C’est pourquoi nous sommes très vigilantes, Aides & Soins 92 Centre est là pour prévenir les risques, en intervenant tôt” confirme Isabelle Breheret.

Car si avec l’âge, l’appétit diminue, les besoins nutritionnels restent toujours aussi importants. Et la petite phrase, trop souvent entendue, “Quand on vieillit, on a besoin de moins manger”, ne recouvre rien de sérieux. En effet, les besoins en protéines qui fabriquent du muscle sont au contraire décuplés.

La prevention est bien nécessaire car, quand la dénutrition s’installe, elle affaiblit l’organisme et  entraîne la perte d’autonomie. Comment la repérer et comment agir ? 

La nourriture, sujet de plaisir

Discuter des menus avec l’aide à domicile, en parler au téléphone avec sa famille ne doit pas être tabou mais rester un terrain d’échanges comme il l’a été tout au long de sa vie. “A table, à midi, on parlait du menu du soir ou du lendemain” raconte ainsi Nicole, qui a toujours aimé faire la cuisine. Ces échanges simples peuvent donner des indices sur le rapport à la nourriture. Quand on est seul.e, il est tentant de ne prendre qu’un laitage et une soupe, un morceau de pain et du fromage. Mais c’est insuffisant. 

Bien sûr les choses ne sont pas toujours si faciles : le veuvage, la solitude lors des repas, un problème de dentier, le souci, le stress, la prise de certains médicaments peuvent entraîner une baisse de l’appétit. On le sait, si les repas ont pour fonction de nourrir les individus, ils sont aussi un temps de partage et de convivialité … qu’il faut essayer d’entretenir. Cette préoccupation a conduit Isabelle  Breheret à établir un partenariat avec Saveurs et vie, une association également basée dans les Hauts-de-Seine.

 “Nous travaillons en collaboration avec l’association Saveurs et Vie. Ses diététiciennes rendent visite à nos clients, gratuitement, trois à quatre fois dans l’année pour un bilan puis un suivi nutritionnel. L’aide à domicile est présente lors de ces entretiens, qui permettent de discuter du contenu des repas, des menus, des courses” poursuit Isabelle Breheret. Les aidants familiaux sont également tenus au courant de ce programme.

Ainsi l’un des risques principaux, la perte de poids, peut être contournée. Elle peut entraîner une fonte de la masse musculaire, préjudiciable aux déplacements et mouvements. Encourager à boire et s’hydrater, notamment lors des épisodes de canicule en été ou de chauffage trop élevé en hiver, fait également partie du travail de stimulation de l’aidant. 

Des menus plus riches

S’il est souvent difficile de manger davantage, en plus grande quantité, du fait de la diminution de la faim, il va falloir manger “autrement”. Allons chercher des astuces pour enrichir les repas : mettre du beurre ou du fromage râpé dans la soupe, proposer des tartines de sardines avec du fromage aux herbes, ajouter une cuillère de pois chiches dans les pâtes. Il ne s’agit pas pour autant de tomber dans le “diététiquement correct” mais bien de partir de “ce qui fait plaisir” à la personne aidée, de ses goûts. Si la situation devient préoccupante, on peut avoir recours de façon temporaire à des produits spécifiques enrichis en protéines. Mais ce n’est pas une solution dans la durée.

Dans les cas préoccupants, on peut avoir recours de façon temporaire à des produits spécifiques enrichis en protéines. Mais ce n’est pas une solution dans la durée. 

Pour aller plus loin

Si le sujet de la dénutrition vous intéresse, vous pouvez en apprendre davantage par exemple auprès du Collectif de lutte contre la dénutrition qui s’est fixé pour objectif d’informer le grand public sur ce sujet méconnu. Il organise notamment chaque année la Semaine nationale de la dénutrition, en automne. Il peut être utile de rejoindre et de soutenir cette association.

On peut également télécharger gratuitement un guide sur le sujet. Deux médecins, l’une du CHU de Dijon, Virginie Van Wymelbeke, l’autre de l’INRAE (Institut de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), Claire Sulmont-Rossé, ont réalisé et publié un guide très bien fait et complet sur cette question. 

Financé par l’Agence nationale de recherche, il est téléchargeable gratuitement.

Auteure : Nathalie Leenhardt